La mesure de l’étanchéité à l’air des bâtiments tertiaires comme les écoles, les bureaux ou les établissements d’accueil de la petite enfance, nécessite une expertise particulière. Volumes importants, nécessité d’utiliser plusieurs ventilateurs, interprétation des résultats : focus sur ces tests d’étanchéité grand format.
Les bâtiments tertiaires dont la demande de permis de construire a été déposée depuis le 28 octobre 2011 sont soumis à la RT2012. Quelles sont les objectifs fixés par la réglementation en terme d’étanchéité à l’air? Comment s’effectue un test d’infiltrométrie et s’interprètent les résultats pour ce type de bâtiments?
LE CONTEXTE REGLEMENTAIRE
Pour les bâtiments tertiaires, la RT2012 fixe des valeurs par défaut de perméabilité à l’air de 1,7 ((m3/h)/m2) pour les bureaux, école et hôpitaux et 3 pour les autres catégories (industriels, salles de sport,…). Dans un objectif de performance, il est possible d’effectuer une mesure afin d’obtenir un meilleur résultat. Il est également possible de mettre en place une démarche qualité relative à l’étanchéité à l’air.
LA MESURE DU BATIMENT
Pour être conforme au GA P50-784, la mesure de l’étanchéité à l’air d’un bâtiment tertiaire de grand volume doit s’effectuer sur l’ensemble du bâtiment. Le mesureur doit disposer du matériel nécessaire par rapport à la volumétrie du bâtiment et à l’objectif visé. Le nombre de ventilateurs nécessaires peut être potentiellement important ; en Europe, des tests d’infiltrométrie ont été réalisés sur des bâtiments de l’ordre d’un million de m3 avec un équipement de plus de 15 ventilateurs pour un débit total de l’ordre 300.000 m3/h.
Dans certains cas il n’est cependant pas possible de mesurer le bâtiment dans son ensemble pour des raisons autres que la capacité du matériel de mesure : zones aérauliquement disjointes par exemple. Dans ce cas on réalise alors une mesure par zones. Chaque zone est mesurée indépendamment et le Q4Pa-surf retenu pour le bâtiment entier est calculé en fonction du Q4Pa-surf de chaque zone pondérée par sa surface de paroi froide.
Enfin, si l’accès à certaines zones du bâtiment est interdit (pour des spécificités d’usage par exemple), le bâtiment peut être mesuré par échantillonnage. La sélection des échantillons mesurés s’effectue sous la contrainte que la somme des surfaces déperditives hors plancher bas des zones mesurées représente au moins 20% de l’Atbat total du bâtiment.
LE RAPPORT
Le rapport du test d’infiltrométrie d’un bâtiment tertiaire dépend donc du processus de mesure qui a été adopté en fonction des spécificités du bâtiment. Il est particulièrement important de préciser dans le rapport de mesure les raisons qui ont amené le mesureur à choisir une mesure par zone ou par échantillonnage si le bâtiment n’a pas été mesuré dans son ensemble.
L’INTERPRETATION DES INDICATEURS
La comparaison de la pertinence du taux de renouvellement d’air et du débit de fuite ramené à la surface de parois froides est particulièrement intéressante pour les bâtiments tertiaires de grand volume.
Une étude réalisée par le Umwelt- und Energiezentrum [1] a mis en évidence que – contrairement aux bâtiments de petit volume – les bâtiments de grand volume obtenaient globalement de bons résultats en terme d’étanchéité si l’on se fie au taux de renouvellement d’air, alors que cela n’est pas le cas si l’on considère le débit de fuite d’air ramené à la surface de parois (totale ou froides).
L’objectif fixé par la RT2012 sur le Q4Pa-surf et non sur le taux de renouvellement d’air n50 devrait donc véritablement permettre d’améliorer la qualité de l’étanchéité à l’air des bâtiments tertiaires de grand volume.
EN BREF
La mesure d’un bâtiment de grand volume demande un équipement matériel plus important et une compréhension du bâtiment dans sa globalité afin d’identifier les contraintes liées à la mesure.
[1] Postulat für Luftdichtheits-Grenzwerte bei großen Gebäuden, Dipl.-Ing. Paul Simons, Dipl.-Ing. Stefanie Rolfsmeier, BlowerDoor GmbH MessSysteme für Luftdichtheit, 2012