Depuis 1974, les RT successives ont laissé la part belle au chauffage électrique. La politique énergétique française unique en son genre a engendré et généralisé ce type de chauffage également unique. Seul, les norvégiens ont fait un peu comme nous mais pour des raisons très différentes.
Les défenseurs de ce type de chauffage ont disposé durant 35 ans d’arguments frappants : coût d’investissement très faible par rapport aux installations concurrentes utilisant des combustibles (gaz, fioul, charbon ou bois), même s’il fallait renforcer l’isolation du bâti pour ne pas charger la facture (le kWh électrique étant plus cher que ses concurrents), souplesse et facilité d’utilisation, quasiment pas de maintenance. Ces arguments ont profité à la filière électrique et aux promoteurs visant à rester très compétitifs sur un marché tendu.
Résultat : le chauffage électrique aura été le mode de chauffage dominant dans les logements neufs… jusqu’à l’avènement de la RT 2012 qui aura stoppé net cette situation. Pourquoi un tel revirement ?
Il faut croire que l’administration aura fini par être sensible aux arguments des adversaires du chauffage électrique : factures de chauffage trop élevées (les enquêtes terrains ont montré que les usagers équipés de chauffage électrique chauffaient moins leurs logement que ceux utilisant des combustibles à effet « portefeuille »), confort thermique médiocre par rapport à un chauffage central classique, impossibilité de changer d’énergie sans être obligé de créer une installation complète… sans oublier les questions environnementales.
Et c’est là que les discussions se sont centrées.
Un mode de calcul défavorable à l’électricité
Oublions volontairement la question des futurs couts respectifs financiers et environnementaux du démantèlement des centrales nucléaires et fossiles. Restons centrés sur la RT. Le fameux coefficient 2,58 qui n’affuble que le kWh électrique vient rappeler indirectement qu’il faut environ 3 kWh de combustible (uranium ou fossile) pour produire 1 kWh électrique.
On comprend immédiatement que si les objectifs de performances sont strictement les mêmes pour toutes les énergies, l’électricité est « condamnée » à faire 2,58 fois mieux ! C’est exactement ce qu’exprime la RT 2012. Du coup, le marché du chauffage électrique par effet joule (convecteurs), qui correspondait aux logements aux coûts d’investissement les plus faibles, se voit contraint d’adapter l’isolation thermique à des niveaux très poussés. Cela coûte et n’est pas suffisant étant donné que le principal poste de consommation d’énergie parmi les 5 postes pris en compte dans la RT… c’est la production d’eau chaude sanitaire, même au nord de la France ! Aussi, pour répondre aux objectifs réglementaires, il faut en plus installer, soit des capteurs solaires, soit un chauffe-eau thermodynamique. On comprend facilement que le « tout électrique » tel qu’il a été pratiqué depuis 1974 est révolu. Une autre voie pour le chauffage électrique passe par les pompes à chaleur… mais pas au même prix que les convecteurs…
Le marché du logement tout-électrique s’est effondré de 70% en 2010 à 40% en 2011 au profit du gaz qui la même année est passé à 60%. L’électricité résiste encore un peu. Mais une page est tournée avec la RT 2012.
Pour en savoir plus, consultez l’article dans son intégralité :
RT 2012 : des nouveautés nombreuses et pour certaines, profondes (1/3)
RT 2012 : changement de braquet pour le chauffage électrique (2/3)