Quelles sont les particularités du marché de l’amiante dans votre secteur géographique ?
Le Grand-Est est une ancienne région industrielle, qui compte de nombreuses entreprises ayant été construites au début du 20ème siècle. Par conséquent, toutes ces structures intègrent, sous une forme une autre, de l’amiante.
A l’époque, le matériau servait à lutter contre le feu et les vibrations. L’amiante avait donc toute sa place dans les structures industrielles de la région. Il faut souligner que les mentalités ont vraiment évolué dans le domaine, et que la prise de conscience du danger est désormais bien ancrée dans les esprits : tous les acteurs de la filière, bailleurs publics et privés, entreprises du bâtiments, industriels et institutionnels… tous ont conscience des enjeux de santé publique et agissent concrètement chacun à leur niveau.
Ainsi par exemple, à l’image de ce qui se passe dans le Grand Paris, lorsqu’un logement social est vacant, le bailleur – conscient de la problématique – fait réaliser des travaux de maintenance et donc de désamiantage si nécessaire, dans le respect des règles de la SS4. Autrement dit, on parvient à mettre en œuvre toutes les solutions nécessaires pour respecter la réglementation, la santé des travailleurs et les lois sur l’environnement.
Par ailleurs, sur ce sujet, on constate un développement du nombre de centres de formations SS3 ou SS4 sur le territoire. Tout cela nous autorise à considérer que la région, sur le front de l’amiante, est un bon élève, appuyé et soutenu en cela par un partenariat avec la Dirrecte et la Carsat.
Quelles ont été les initiatives de la Fédération dans le domaine ?
Avec la FDBTP 54, nous avons travaillé sur des actions pour sensibiliser les acteurs du bâtiment sur les problématiques, les enjeux et les bonnes méthodes à suivre dans le domaine de l’amiante.
Un conseiller formation a été nommé pour accompagner les entreprises et, au niveau régional, un responsable métier s’attache à mettre en œuvre et à coordonner l’ensemble des réunions en partenariat avec la Carsat, la Direccte et les entreprises de désamiantage.
Les résultats ont été convaincants, puisque les électriciens ont répondu largement présents. Actuellement, nous œuvrons auprès des menuisiers, avant de déployer nos actions sur l’ensemble des corps d’État.
Au-delà, les chefs d’entreprise et les maîtres d’ouvrage ont bien compris que l’amiante doit être éradiqué, même si sa suppression est complexe du point de vue économique, du respect des procédures et de l’organisation du travail. Notre rôle consiste donc à recruter un nombre croissant d’entreprises de l’artisanat pour les sensibiliser et, pour protéger nos adhérents et préserver leurs activités, de leur offrir tous les outils nécessaires à une lutte efficace contre le risque amiante.
Dans les années à venir, quelle évolution pouvez-vous anticiper ?
On peut aisément imaginer que la problématique de l’amiante sera encore très présente dans les 25 prochaines années. Là où l’enjeu se situe actuellement, c’est sur la formation et sur la valorisation du métier.
Nous ne sommes pas sur des métiers « bouche-trous » et sans compétence, bien au contraire. Un désamianteur est un opérateur technicien qui a reçu une formation très technique, complète et reconnue. Le CQP a déjà été retenu et nous devons encore aller plus loin en ouvrant cette voie à l’apprentissage. Car comment envisager de sauver la planète sans une gestion globale de l’amiante, de son prélèvement à la gestion de ses déchets ?