Les prélèvements sur opérateurs lors de chantiers-test font partie intégrante de la prévention des risques d’exposition aux fibres d’amiante lors d’un chantier de désamiantage. Encadrés par le Code du Travail, des normes strictes d’application et des pratiques professionnelles de plus en plus partagées, les stratégies d’échantillonnage et le prélèvement d’air sur opérateur sont l’une des spécialités d’AC-Environnement. Le point sur la question avec Brice BESSIERES, Responsable grands comptes chez AC Environnement.
Pouvez-vous nous présenter l’activité « stratégie de prélèvement » chez AC-Environnement ?
Créée il y a 17 ans, AC-Environnement est un acteur historique du diagnostic immobilier. Son expertise analytique, attestée par les 75 000 analyses de MCA et les 2000 analyses d’air réalisées chaque mois par ses 3 laboratoires accrédités de Gentilly, Riorges, et Limonest, donnent une idée assez juste de l’ampleur de la problématique « amiante ».
Avec 670 collaborateurs et une spécialisation sur l’ensemble des diagnostics immobiliers, AC-Environnement intervient sur l’ensemble du territoire, en diagnostics avant-vente, avant location, avant travaux ou avant démolition.
L’une de nos missions régulières consiste à établir des stratégies de prélèvements sur opérateur, qui constituent en quelque sorte la phase de validation des processus de travail qui vont être appliqués sur un chantier de désamiantage. Nous nous situons donc en position intermédiaire entre le plan de retrait et le démarrage effectif du chantier.
Cette activité est essentiellement régie par 2 textes : le décret du 4 mai 2012 relatif aux risques d’exposition amiante, et l’arrêté du 14 août 2012 relatif aux conditions de mesurage des niveaux d’empoussièrement, au contrôle du respect de la VLEP et aux conditions d’accréditation, modifié par l’arrêté du 30 mai 2018.
Comment se traduit opérationnellement une stratégie d’échantillonnage sur opérateur ?
La stratégie d’échantillonnage a pour objectif de déterminer le nombre, le type et les conditions des prélèvements à effectuer sur un processus pour garantir des mesures fiables et utilisables.
Concrètement, il s’agit de prélever l’air ambiant sur un poste de travail, pour déterminer le niveau d’empoussièrement généré, lequel permet de s’assurer du respect de la VLEP.
Le prélèvement intervient dans le cadre d’un chantier-test, sur chacun des processus qui seront appliqués dans le cadre du chantier global de désamiantage.
Un processus correspond à un Groupe d’Exposition Similaire, et chacun de ces groupes doit faire l’objet d’un prélèvement. L’empoussièrement d’un GES est la résultante d’une combinaison entre une technique de travail (ponçage, grattage, rabotage), un MCA devant être retiré (dalle de sol, colle, revêtement de mur…), et des dispositifs de protection collectifs mis en place pour abattre les poussières (mouillage, aspiration).
C’est au désamianteur d’évaluer le niveau l’empoussièrement de chacun des processus de son chantier, cette évaluation pouvant s’appuyer sur sa propre expérience du processus ou sur la base de données Scola de l’INRS, qui regroupe l’ensemble des prélèvements réalisés pour un processus donné. Ce travail préparatoire, théorique, aboutit à un niveau d’empoussièrement sur chaque processus à partir duquel sont définis les EPI à utiliser et les durées de vacation de chaque poste, pour respecter la VLEP.
Dès lors, il est indispensable, avant de démarrer le chantier, de s’assurer de la fiabilité des évaluations d’empoussièrement. C’est ici que nous intervenons avec le prélèvement sur opérateur dans le cadre d’un chantier-test, et qui viendra valider ou invalider l’estimation théorique par un mesurage réel. Techniquement, le prélèvement est réalisé en fixant une petite pompe étanche sur l’opérateur, équipée d’un filtre de 37mm, au niveau des épaules des opérateurs à hauteur du dispositif de ventilation de l’EPI.
Si nos prélèvements ne permettent pas de valider les niveaux d’empoussièrement estimés, le processus doit être revu, en modifiant les deux paramètres sur lesquels il est possible d’agir, à savoir la technique utilisée et les mesures de protection collectives.
Ces mesures d’empoussièrement doivent être réalisées par un laboratoire accrédité en stratégie de prélèvements et d’analyses des prélèvements (LAB REF 28).
Au cours du chantier, il est recommandé de procéder de manière régulière à des prélèvements sur opérateur pour vérifier la stabilité des résultats obtenus lors du chantier-test. Aujourd’hui, certaines techniques permettent de ne quasiment plus émettre de fibres. Les fabricants ont beaucoup œuvré dans ce sens, quelquefois en travaillant en collaboration avec des laboratoires comme AC-Environnement.
Une fois les prélèvements effectués et analysés, nous remettons au client le rapport final de stratégie d’échantillonnage.
Quelles mentions comporte ce rapport final, et comment doit-il être utilisé ?
Lors de la rédaction, le laboratoire rédige une synthèse du chantier et de la métrologie. L’objectif est de déterminer si les méthodes préconisées pour les mesures ont bien été mises en œuvre, si les pompes ont été posées conformément, et si les niveaux d’empoussièrement évalués correspondent bien aux niveaux réellement mesurés.
Le rapport final statue sur l’ensemble des prélèvement effectués et déterminent si les résultats obtenus sont conformes à la norme Cofrac, en 4 points.
D’abord, le rapport détermine si la stratégie de prélèvement exigée a bien été respectée. En d’autres termes, le désamianteur a-t-il bien commandé les mesures indispensables ? Le rapport conclut sur les conformités ou les non-conformités de la mise en œuvre des prélèvements. En ce sens, la stratégie constitue une obligation de conseil fournie par le laboratoire au désamianteur.
Puis il détaille les modalités des prélèvements et leur conformité aux exigences de la norme (durée, nombre…). Le rapport livre ensuite les différents rapports d’essais et les procès-verbaux d’analyses.
Enfin, et depuis l’arrêté du 30 mai 2018, le rapport expose les photographies des grilles d’analyses passées sous microscope, pour vérifier leurs niveaux d’obscurcissement. L’objectif est ici d’assurer la traçabilité des analyses, suite à des problématiques de non représentativité des échantillons à cause de niveaux d’empoussièrement trop importants. Quand les poussières obscurcissent plus de 10% des grilles, ils doivent en effet être considérés comme non représentatifs, et ne peuvent donc pas être utiliser pour valider ou invalider un processus.
Le désamianteur doit donc refaire un chantier test incluant d’autres techniques pour réduire l’empoussièrement. Si le rapport final ne comporte pas de conseils opérationnels, AC-Environnement est néanmoins reconnu pour l’assistance et le conseil que ses opérateurs de prélèvements assurent sur les chantiers-test pour permettre de diminuer les niveaux d’empoussièrement et obtenir des prélèvements analysables.