Marie Souplet, directrice générale de Prochalor, répond à trois questions sur le confort de chauffe et les économies à effectuer sur le chauffage des copropriétés, à l’occasion du Grand Circuit Rénovation des Copropriétés.
Retranscription
Comment concilier confort et température de chauffe basse ?
C’est effectivement toute la problématique, parce que si votre bâtiment est une passoire énergétique, ce sera très compliqué d’amener une situation de confort derrière. Par contre, une bonne rénovation permettra de maintenir et d’apporter les 19°C qui sont attendus contractuellement pour avoir une consommation minimale dans le bâtiment. Du coup, comment concilier ? Je dirais que si votre bâtiment est une passoire thermique il faudra forcément partir sur des consignes un peu plus élevées pour enlever ce sentiment de parois froides et d’humidité. Avec une bonne isolation, les 19°C sont tout à fait acceptables et sont déployés d’une manière générale sur les copropriétés qui ont été bien isolées.
Quelles bonnes pratiques peut-on importer depuis le logement social ?
J’ai exploité de nombreuses installations sur du logement social, particulièrement en Ile-de-France où les bailleurs sociaux ont de grandes politiques de rénovation énergétique. Ils ont des politiques de températures contractuelles à conserver dans les logements.
Je parle typiquement de Paris Habitat, qui est le bailleur social majoritaire de Paris : la température de consigne appliquée aux bâtiments est de 19°C. Ils ont mis en oeuvre un certain nombre de politiques pour expliquer que, de temps-en-temps, il est nécessaire de porter des pulls quand on reste statique dans son canapé, et que 19°C c’est une température fraiche. Ils ont donc accompagné les exploitants pour expliquer, car cela passe par de la sensibilisation. 19°C, ça reste très rare dans les copropriétés, mais c’est possible puisqu’on l’applique pour un certain nombre de bailleurs sociaux. Les propriétaires finissent par s’habituer.
Quel budget d’entretien prévoir ?
Tout va dépendre de ce que vous avez dans votre chaufferie, mais en général un contrat d’entretien (pour 10-20 logements) se situe à 60 euros (HT) par logement sur les installations plutôt anciennes. Sans la garantie totale, qui elle dépendra de l’âge de la chaufferie (plus elle sera ancienne, plus la garantie sera importante). Sur les installations toutes neuves (ça peut aller loin si on a une installation solaire), on peut payer 120 à 200 euros HT par logement. Les frais restent fixes, il faut les diviser par le nombre de logements derrière. Quand on est sur de petites résidences, on ne voit pas de chauffage collectif, car ce serait beaucoup trop onéreux de mettre en place une chaufferie collective sur du 8 logements. C’est relativement déconseillé et certains bailleurs sociaux ont cette politique : en dessous de 20 logements, pas de chauffage au gaz collectif car cela fait des coûts fixes beaucoup trop importants.
Effectivement les installations neuves sont très onéreuses car bien souvent il a fallu construire selon la RT2012 et on y a mis du solaire thermique et un certain nombre de systèmes qui font que derrière on a énormément de matériel à entretenir. Mais la facture énergétique est bien moindre ! Ce n’est pas proportionnel aux gains, parce que la facture énergétique est beaucoup plus élevée. Après il y a les risques : tout le monde sait que le gaz est soumis à la taxe TICGN, et qu’elle augmente ces derniers temps. Nous, on n’a pas de taxe.