Le contexte du Grenelle de l’Environnement incite tous les acteurs du bâtiment à trouver des solutions techniques pour répondre aux nouvelles exigences de la RT 2012, mais aussi pour agir sur les bâtiments existants sans « tuer le gisement », c’est-à-dire réaliser des rénovations qui ne seront pas considérées comme insuffisantes 5 ou 10 ans plus tard. Les parties vitrées sont à la fois les plus coûteuses du bâti et les plus complexes à bien dimensionner et choisir. Un nouveau produit semble répondre aux nouveaux besoins : le triple vitrage. Qu’en est -il ? Est-ce pertinent d’abandonner le double vitrage au profit du triple ?
Pourquoi avoir inventé le triple vitrage ?
Cette question rappelle celle qu’on se posait lors du passage du simple au double vitrage. La réponse est la même. Une lame d’air entre deux vitrages confère une meilleure isolation thermique parce que l’air conduit mal la chaleur. Alors deux lames d’air, c’est deux fois mieux… Ceux sont les pays nordiques qui ont mis au point ces triples vitrages dès les années 90. Les allemands les ont banalisés chez eux dès 2005 et en France, tous les principaux fabricants de fenêtres industrialisées proposent maintenant leurs modèles « triple ».
Le coefficient de déperdition d’une fenêtre Uw est passé d’une fourchette de 1.8 -1.3 à 1.3 – 0.8, soit, pour un même type de même menuiserie, une réduction des pertes calorifiques d’environ 35%.
Ce qui est bon pour les finlandais est-il bon pour nos climats ? Les hivers ne sont pas les mêmes et certains se demandent si cette nouvelle offre industrielle ne plie pas à une mode du « toujours plus ».
Avantages / inconvénients par rapport aux double-vitrages
Un petit rappel est préalablement nécessaire. Le produit standard actuel ne contient plus de l’air mais de l’argon, gaz plus dense que l’air, donc moins enclin à circuler entre les deux vitrages et donc, transférant moins de chaleur du vitrage intérieur vers le vitrage extérieur. En outre, les vitrages sont équipés d’une couche faiblement émissive qui permet à un vitrage qui reçoit de la chaleur de moins restituer cette chaleur vers l’extérieur. Le double vitrage de 2011 est donc bien plus performant que son homologue de 2000. Les triples vitrages bénéficient également de ces technologies : deux lames d’argon et une couche faiblement émissive.
Les « moins » du triple vitrage sont le coût, le poids, l’encombrement. La lumière extérieure a également plus de difficulté à passer à travers.
Les « plus » sont des déperditions réduites d’où moins de chauffage, un confort accru l’hiver car la surface du vitrage intérieur est encore moins froide, mais aussi durant l’été grâce à une meilleure protection du soleil et de la chaleur extérieure…quand la fenêtre est fermée.
Alors que choisir ?
Les calculs semblent converger vers la conclusion suivante, seulement applicable aux logements : si les vitrages sont orientés au Sud (du sud-est au sud-ouest) et sans masque, le double vitrage reste le plus avantageux. Pour les autres situations, le triple est meilleur. Le choix va principalement dépendre des coûts même si beaucoup de paramètres entrent en jeu : les données climatiques, les orientations et masques, les coûts d’investissement, la taille des surfaces vitrées… et le coût de l’énergie.
S’il s’agit d’un changement de fenêtre dans un bâtiment existant, la possibilité de la mise en place d’une fenêtre avec son encombrement plus important est la première question à se poser avant d’aller plus loin.
Une certitude : le triple vitrage va se banaliser rapidement, surtout si le baril de pétrole persiste au-dessus des 100 $.