Entrée en application le 1er janvier 2022, la nouvelle réglementation environnementale des bâtiments neufs RE 2020 renforce le cadre des mesures de fin de chantier. Le point sur les nouveautés avec Jean-Michel Catherin, dirigeant de Testoon.
Jean-Michel CATHERIN
Dirigeant
TESTOON
Comment les mesures d’étanchéité de l’enveloppe ont-elles évolué avec la nouvelle réglementation énergétique ?
Le principal changement concerne les modalités de calcul en fonction de la méthode de mesure employée. Pour rappel, la mesure d’étanchéité à l’air n’est pas obligatoire sur l’intégralité des logements dans le cas des bâtiments collectifs. Le mesureur peut valider l’ensemble sur la base d’un échantillon, établi en respectant certaines règles telles que le nombre et la typologie des logements à mesurer. Le coefficient de perméabilité calculé de cette manière est moins précis que celui obtenu via la mesure “grand volume”, mais l’objectif réglementaire est le même.
Pour compenser cette différence de traitement entre les deux méthodes, la RE 2020 introduit une pénalité lorsque la mesure de perméabilité de logements est réalisée par échantillonnage, sous la forme d’un coefficient à appliquer sur les mesures obtenues par cette méthode.
En conséquence de ce changement, il devient rédhibitoire de réaliser une mesure par échantillonnage pour certains types de bâtiments, notamment ceux qui comportent de nombreuses fuites d’air entre les appartements, comme les résidences étudiantes.
Le matériel est-il le même entre les deux méthodes ?
C’est avant tout sur la puissance des ventilateurs que la différence se joue. Une mesure par échantillonnage s’effectuant sur de petits volumes, un ventilateur léger tel que celui intégré dans la porte soufflante Mini-Fan suffit à réaliser les tests d’étanchéité dans le respect des normes.
Un plus gros ventilateur est nécessaire avec la méthode “grand volume”. Les opérateurs peuvent par exemple se tourner vers le BlowerDoor Minneapolis-v2-STD, ou encore vers un système multi-ventilateurs lorsque l’immeuble comporte de nombreux points de fuite. L’équilibrage des pressions à réaliser dans ce type d’intervention nécessite également des ventilateurs supplémentaires à différents endroits du bâtiment testé. Ajouter des ventilateurs et les synchroniser complexifie l’installation et nécessite de monter un réseau pour connecter les modules. La méthode “grand volume” nécessite donc du matériel et des compétences plus avancés.
La RE 2020, qui ne s’applique à l’heure actuelle qu’aux logements neufs, ajoutera très probablement une obligation de mesure d’étanchéité pour les bâtiments tertiaires neufs de petite taille. Cette nouvelle obligation dans le tertiaire devrait amplifier le développement des appareils de mesure “grand volume”.
La RE 2020 renforce également les contrôles des systèmes de ventilation. Quelles en sont les particularités ?
En effet, la réglementation impose désormais un contrôle du système de ventilation à la réception des travaux des bâtiments résidentiels. Publié en décembre 2021, le Protocole “RE 2020 – Vérification, mesures des performances et exigences pour les systèmes de ventilation mécanique dans le résidentiel neuf” précise les modalités de réalisation de la vérification et des mesures du dispositif de ventilation, ainsi que les exigences pour assurer la conformité du système de ventilation. Le référentiel fournit également la liste du matériel à mettre en œuvre pour les différents cas de figure.
Très documenté, ce cadre réglementaire a bénéficié des expérimentations et de l’excellent travail effectué par le groupe de travail du projet Promevent, dont le guide est employé depuis 2016 pour les contrôles volontaires. Si l’intégralité des recommandations n’ont pas été reprises dans la RE 2020, on y retrouve trois des quatre grandes familles de contrôles :
- la pré-inspection, qui consiste à faire le bilan de l’installation existante ;
- les vérifications fonctionnelles, réalisées sur site et qui concernent l’état et le fonctionnement des composants du système de ventilation ;
- les mesures fonctionnelles aux bouches, où l’on accède uniquement à la partie visible.
Le protocole RE 2020 n’a cependant pas retenu le contrôle de l’étanchéité des réseaux aérauliques parmi les tests obligatoires. En identifiant les pertes du réseau, ce type de contrôle pourrait pourtant permettre d’éviter le surdimensionnement des installations, responsable d’une altération de l’efficacité énergétique du système.
Quels sont les outils de mesure préconisés ?
En ce qui concerne les mesures fonctionnelles, on utilise principalement des anémomètres pour mesurer la vitesse du flux d’air, associés à un cône pour canaliser ce flux au niveau de la bouche. Il existe des anémomètres à hélice, qui nécessitent un minimum de débit pour fonctionner ou encore des anémomètres à fil chaud, permettant de mesurer des débits faibles. Pour les ventilations à double flux, des équipements plus précis sont nécessaires.
Pour les bouches hygroréglables, qui sont très utilisées en France, il conviendra de faire une mesure de pression différentielle à la bouche à l’aide d’un manomètre de précision.