Interview de Serge Brondino, Directeur Technique d’Agenda France
La prévention du risque amiante est un sujet majeur et lourd de conséquences, qui n’est pas du tout évident à mettre en application si l’on veut respecter strictement la réglementation.
Le coût des mesures d’empoussièrement amiante
Chaque cabinet doit réaliser lui-même les mesures d’empoussièrement correspondant aux processus qu’il met en œuvre. En partant du principe qu’environ 3 000 matériaux ou produits contenant de l’amiante ont été utilisés dans le bâtiment, et si pour simplifier on compte 1 000 € par mesure d’empoussièrement sur opérateur, le budget de prévention des risques pour réaliser des repérages avant travaux ou démolition est de 3 000 000 € : quel cabinet de diagnostics peut se le permettre ?
Et quand bien même on se contenterait de réaliser des repérages listes A et B, outre le coût des mesures d’empoussièrement sur opérateur (au moins 50 matériaux ou produits x 1 000 € = 50 000 €, supérieur au CA annuel des missions amiante de la plupart des cabinets), le problème majeur reste de trouver un site pour réaliser ces mesures : quel client (la plupart du temps propriétaire d’un bien qu’il met en vente) accepterait qu’on émette des fibres d’amiante dans son bien pendant plus de 4 heures (durée nécessaire pour ce type de mesure) ? C’est une aberration économique !
Exiger une application stricte de la réglementation aboutirait à la disparition des missions de repérage amiante, à moins que les clients finaux acceptent un surcoût énorme, ce qui paraît peu probable. Ou, comme c’est le cas maintenant, à beaucoup de désinvolture : quand la barre est placée trop haut, on ne cherche même plus à la franchir dans les règles, on passe dessous. C’est humain : nécessité fait loi.
Les objectifs du CINOV-FIDI pour accompagner ces enjeux
- Factoriser les processus, en regroupant les matériaux et produits contenant de l’amiante selon leur émissivité, afin de réduire le nombre de mesures d’empoussièrement à réaliser ;
- Réaliser les mesures d’empoussièrement correspondant à ces familles de processus ;
- Faire en sorte que, pour les opérateurs de repérage amiante, ces mesures puissent servir de base pour l’évaluation de leurs risques.
- Arriver à un compromis « acceptable » par tous (notamment cabinets de diagnostic et Inspections du Travail), permettrait d’obtenir des résultats autrement plus efficaces en matière de prévention du risque amiante.