Plaques tournantes de la propagation des épidémies, les aéroports se sont massivement engouffrés vers l’installation de détecteurs thermiques pour scanner les passagers débarqués. Mais quelle en est l’efficacité réelle ?
Depuis une dizaine d’années, le marché de ces technologies a connu un intérêt grandissant – un succès largement dû aux aéroports asiatiques, les premiers à inaugurer des caméras thermiques avec la crise du SRAS, puis de la grippe aviaire. L’objectif de ces détecteurs est de repérer les passagers fiévreux en provenance de zones infectées.
Toutefois, leur efficacité ne fait pas l’unanimité et la récente épidémie d’Ebola a contribué à renforcer l’opinion des détracteurs, arguant l’impossibilité de détecter un patient en période d’incubation et pourtant déjà contagieux. Dans ce contexte, l’Agence Canadienne des Médicaments et des Technologies de la Santé vient de passer en revue l’ensemble des études réalisées au sein de plusieurs aéroports dans le monde.
Globalement, si les mesures prises par les détecteurs sont comparables aux méthodes traditionnelles (mesures par thermomètre sur un échantillon de personnes), leur efficacité à dépister des patients fiévreux dépend fortement des points visés (front, oreilles, profil) et de la température ambiante (il peut faire très chaud et humide dans certains aéroports). Ainsi, l’Agence conclut que cette efficacité n’est pas démontrée pour détecter la grippe aviaire ou la dengue. Elle met en garde contre la communication faite autour du déploiement massif de ces détecteurs pour lutter contre les épidémies, rappelant qu’il faut 8 à 10 jours d’incubation avant qu’un virus comme Ebola ne se déclare – période durant laquelle il reste indétectable par des caméras thermiques.
Source : Canadian Agency for Drugs and Technologies in Health (2014) Mass Thermography Screening for Infection and Prevention: A Review of the Clinical Effectiveness – p.17