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Rendre nos immeubles plus sobres ?


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L’architecte Dominique Gauzin-Müller, l’urbaniste Philippe Madec et l’ingénieur Alain Bornarel ont publié il y a quelques semaines un « Manifeste pour une frugalité heureuse« , paraphrasant ainsi la “Sobriété heureuse” de Pierre Rabhi.

Ils expliquent en particulier que « Les professionnels du bâtiment et de l’aménagement du territoire ne peuvent se soustraire à leur responsabilité. Leurs domaines d’action émettent au moins 40 % des gaz à effet de serre pour les bâtiments et bien plus avec les déplacements induits par les choix urbanistiques« .

Les excès du high tech

Influencées par la culture de la Silicon Valley, nous avons tendance à mettre le high tech sur un piédestal, et les conférences de notre secteur ne cessent de parler de “smart building”, “smart grid”, ou “smart metering”.

Un aspect discutable du “smart building” est qu’il nous pousse à changer sans arrêt nos installations, et à mener une course à l’obsolescence programmée. Par exemple changer ses tubes fluos encore opérationnels par des leds est discutable sur le plan environnemental…

Je pratique moi même le “smart metering” au sein de ma copropriété, grâce des capteurs qui mesurent en permanence la consommation d’électricité, la température, le taux de CO2, le niveau d’humidité. J’avais imaginé que ces données me permettraient d’économiser de l’énergie. J’ai même écrit cet article sur l’habitat connecté. Mais après avoir effectué quelques réglages sur mon ballon d’eau chaude, je dois avouer que j’ai cessé de suivre ces mesures. Je doute donc de l’utilité d’équiper des immeubles dans la durée.

Enfin, le “smart grid”, promis en particulier par Linky, reste en grande partie théorique (voir cet édito).

Un raisonnement résumé par cette phrase du manifeste pour la frugalité : « Ce n’est pas le bâtiment qui est intelligent, ce sont ses habitants« .

Rénovation low tech et sobriété

Le scénario NegaWatt pour la transition énergétique repose sur 3 piliers : la sobriété, l’efficacité énergétique, les énergies renouvelables. Il me semble qu’il s’applique parfaitement à la rénovation en copropriété.

Dans le secteur du bâtiment, on compte trop souvent sur le neuf (bâtiments à énergie positive, RT2020) pour régler les problèmes énergétiques. On peut aussi traiter ces sujets par de la rénovation et du “low tech”.

L’approche « low tech » passe par le retour à des techniques plus simples et pragmatiques (cf. l’âge des Low Tech de Philippe Bihouix). Par exemple, on remet au goût du jour des savoir-faire ancestraux et adaptés aux particularités régionales, plutôt que de recourir systématiquement à du béton banché. En effet, le béton générique débouche souvent sur un excès de consommation énergétique : chauffage dans le nord et climatisation dans le sud. Il est peu ajustable et réparable.

Combiner sobriété dans les usages (chauffer le corps plutôt que la pièce) et rénovation progressive, est moins consommateur en énergie que de construire du neuf.

On peut rendre nos immeubles plus sobres avec des solutions pragmatiques et des gestes de bon sens, plutôt que de compter sur le progrès technologique pour régler tous nos problèmes.

Guillaume Plouin

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