Depuis six ans, la domotique est devenue le nouveau credo d’Albert Bouchoucha, électricien spécialisé en domotique, qui lui préfère d’ailleurs le terme d’ “intérieur connecté”, non par traumatisme du latin mais pour la mauvaise réputation de ses débuts. Quinze ans après l’apparition de cette technologie, la domotique est devenue un incontournable pour l’électricien. L’Université de Paris 12 l’a d’ailleurs bien compris en créant la toute première licence professionnelle dédiée à la domotique. Examinons pourquoi.
Économie, simplicité et évolutivité : trois mots clé qui font le succès de l’intégrateur domotique
La domotique à ses débuts présentait tous les attraits d’une belle promesse : le tout de la maison connecté pour une économie d’énergie optimale et un contrôle à distance programmable de l’ensemble des objets connectés. Mais c’était alors sans compter les défauts de sa jeunesse : le surcoût, la complexité d’installation pour l’électricien et celle d’usage pour le client.
Il fallait patienter un peu et gagner en maturité : côté client, une seule application permet de commander l’ensemble du système depuis un smartphone simplifiant les manipulations, et le coût d’intégration du système équivaut aujourd’hui à celui de l’installation électrique traditionnelle. L’intégrateur domotique pourra mettre en avant la réelle économie d’énergie (gaz, électricité, chauffage) qui est faite, de l’ordre de 25%. Le système est même “exportable” : un particulier qui déménage après avoir procédé à l’installation domotique de son appartement peut emmener avec lui le système qu’il devra simplement refaire configurer. En cas de panne, coupure ou problème d’accès à l’application, l’installation électrique traditionnelle, toujours en fonction, prend le relais. Enfin, le système est évolutif et configuré de telle sorte qu’il est possible d’ajouter des fonctionnalités ultérieurement. L’intégrateur domotique peut alors proposer à son client des solutions adaptées à ses besoins et au budget de départ, et les faire évoluer dans le temps.
Côté électricien, si le coût du matériel reste un investissement, il est largement compensé par le gain en terme de main d’œuvre et lui laisse même une marge sensible. C’est donc devenu une évidence pour Albert Bouchoucha qui s’est lancé pleinement dans l’aventure en créant son entreprise Domotizy : « Il n’y a aucun surcoût d’installation par rapport à l’installation électrique traditionnelle », souligne-t-il à plusieurs reprises. L’électricien d’aujourd’hui ne peut donc plus se permettre de ne pas proposer cette technologie et de s’y former.
Un bémol toutefois, car il faut bien une petite ombre au tableau pour en faire ressortir les couleurs : les fabricants de matériel domotique, que ce soit Legrand, Hager, Schneider ou encore Delta Dore et Niko, ont chacun leur propre protocole de communication. Autant de protocoles que de fabricants donc, auxquels tout bon intégrateur domotique doit se former. Unifier ces protocoles sera donc le nouveau cheval de bataille du domoticien.
L’intégrateur domotique, l’électricien augmenté
Après vingt-cinq ans d’exercice comme électricien, et muni de quelques compétences en électronique et informatique, Albert Bouchoucha a consacré deux ans pleins à se former à l’ensemble des protocoles générés par les fabricants, qui définissent le moyen de communication utilisé entre les périphériques et la centrale, ou box domotique. Une formation indispensable pour préconiser la solution la plus adaptée à ses clients.
Tous ces protocoles sont des langages et des systèmes d’intégrations différents, qui ne savent pas communiquer entre eux. On distingue deux grandes familles : les protocoles dits « propriétaires » ou « fermés » d’une part, en général issus d’un seul et même fabricant et dépendants des périphériques qu’il propose, et le protocole KNX dit « ouvert » d’autre part, dont les périphériques sont tous compatibles entre eux. Selon le budget et les besoins du client, un intégrateur domotique bien formé saura aiguiller son client vers la solution la plus adaptée. La FFD (Fédération Française de Domotique) a pour cette raison mis en place un répertoire de domoticiens intégrateurs certifiés par type de spécialité et de protocole./p>
Avec une demande en pleine explosion – d’après plusieurs études, d’ici 2022, chaque foyer aura plus de 500 objets connectés –, l’entreprise Domotizy se développe sur tous les axes : elle opère à la fois pour les particuliers et le résidentiel, pour le tertiaire, les commerces et l’hôtellerie, dont l’exigence en terme d’économie d’énergie est forte – l’intégrateur domotique pourra par exemple définir des zones de bureau avec une régulation thermique automatisée –, mais aussi pour la Silver économie. L’entreprise travaille alors en étroite collaboration avec des ergothérapeutes pour équiper les structures dédiées aux personnes âgées et aux handicapés. Elle est ainsi devenue le partenaire certifié de Bluelinea, acteur de référence pour les établissements de santé. Domotizy collabore aussi avec les plus gros fournisseurs comme Schneider, Hager, Legrand, Niko, Nest, Netatmo, EnOcean, Lifedomus ou encore Deltadore, société en pleine expansion en Bretagne.
Signe du temps, Albert Bouchoucha voit son activité de consultant augmentée : président de la cellule domotique à la CSEEE, il y organise « La journée connectée » avec PROMOTELEC. Il est aussi membre actif à la FFD où il développe une charte de binômes (électricien/domoticien, architecte/intégrateur domotique, ergothérapeute/électricien). Côté media, il a fait la couverture du Moniteur et a partagé son expérience sur RMC (émission “Les Experts”). Il anime des conférences aux clubs artisans du distributeur REXEL pour faire découvrir la domotique aux électriciens.Enfin, conférencier à l’Université Paris 12, il développe avec quatre étudiants le projet “Home concept Domotizy”, vitrine professionnelle de tous les systèmes domotiques actuels. De quoi donner le vertige…