Arnaud Brouquier, président du S2ICF – le syndicat des professionnels du courant faible – et dirigeant de la société Delta Sertec, spécialisée dans l’installation et la maintenance du bâtiment connecté, piloté et sécurisé. Implantée à Marseille et à Avignon, l’entreprise compte 45 collaborateurs après 38 ans d’existence.
Quels sont les marchés porteurs dans le domaine du bâtiment connecté ?
L’immobilier résidentiel représente près de la moitié de notre activité, via les promoteurs, les bailleurs sociaux et les syndics de copropriété. Les marchés porteurs sur ce secteur sont l’interphonie et le contrôle d’accès pour l’habitat, suivis de l’antenne de télévision collective et de la vidéo-protection. Nous espérons plus amplement sensibiliser les promoteurs immobiliers de la région à la domotique, qui se démocratise grâce aux smartphones. Certains de mes confrères toulousains sont notamment parvenus à greffer des offres domotique et sécurité aux offres courant-faible classiques des promoteurs, avec de petits packages « en option ».
Nous intervenons également beaucoup sur les bâtiments du tertiaire. Notre force sur ce secteur, c’est d’être multi-spécialistes : le client final aime n’avoir qu’un seul interlocuteur sur un projet et son suivi. Le réseau informatique est au cœur de tous les systèmes que nous posons et branchons. En maîtrisant le réseau, nous sommes capables d’avoir la main sur tous les sujets comme la téléphonie d’entreprise, la vidéo-protection, l’alarme intrusion, le contrôle d’accès ou encore l’affichage dynamique.
Les électriciens sont-ils bien armés sur le plan commercial ?
À l’heure actuelle les électriciens ne sont pas organisés pour faire de la maintenance, contrairement aux entreprises du courant faible qui disposent d’un service après vente. Car historiquement, ces dernières ont démarré sur le marché de l’antenne de télévision collective, où elles ne pouvaient pas vendre sans contrat. Ces entreprises sont habituées depuis plus de trente ans à avoir des demandes d’intervention sur diverses pannes. Elles se sont organisées en interne pour intervenir avec un technicien, qui fait par la suite un compte rendu d’intervention. C’est ce qui manque aux électriciens.
Un conseil pour les électriciens ?
En premier lieu, je leur conseille de ne pas s’éparpiller et de choisir de se perfectionner dans un type d’équipements. Des électriciens qui deviennent multi-spécialistes et intégrateurs globaux comme les entreprises du S2ICF auront besoin de quelques années. Nos entreprises bénéficient d’au moins vingt ans d’expérience ! Les électriciens doivent donc raisonner dans le sens de la coopération et non de la compétition. Intégrateurs et électriciens ont chacun leurs forces : les premiers n’auront peut-être pas l’organisation pour mettre des réservations dans les banches sur un chantier de coffrage, pour déployer des câbles ou encore pour installer des pieuvres électriques. Les seconds ont une connaissance très poussée dans les réseaux informatiques. Nous devons nous organiser et nous avons tout intérêt à répondre à des marchés en co-traitance.