La préoccupation grandissante de la filière Amiante se focalise sur la sécurité et la protection de ses forces vives, engagées dans le grand chantier du repérage amiante et du désamiantage sur le territoire national. Economiquement porteur et prometteur, le chantier – et c’est le challenge de la filière – se doit d’avoir humainement un ‘coût zéro’.
Appuyées sur des partenariats et des conventions, de vastes études ont été lancées depuis 2014 avec un objectif affirmé : être en mesure de fournir des préconisations très concrètes et pratiques sur les moyens de protection des intervenants.
Deux conventions ont donc été signées en 2014 :
- la première entre l’AORIF (Association des Organismes HLM de la Région Ile-de-France) et 10 organismes franciliens de logement social d’une part, et l’OPPBTP (Organisme Professionnel de Prévention du BTP), la DGT (Direction Générale du Travail) et l’INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité) de l’autre pour le plan Carto-Amiante ;
- la seconde entre l’AORIF et la CRAMIF (Caisse Régionale d’Assurance Maladie d’Ile-de-France) d’autre part, retenue pour son expertise dans la campagne de chantiers tests.
L’objectif Carto-Amiante est ultra pragmatique : mesurer et cartographier l’empoussièrement en amiante généré par les activités courantes du BTP, à partir de chantiers tests effectués en 2016 dans le parc de logement social d’Ile-de-France (environ 1 million de logements). Les tests portent en outre sur des opérations très fréquentes : entretien courant ou interventions d’urgence, en second œuvre, et appelées à être massivement itérées dans le cadre de la réhabilitation globale prévue de ce parc.
A titre d’exemple, ce sont 1.280 tests de perçage (répondant en outre à des modes opératoires distincts) qui ont été réalisés : depuis le perçage de dalles de sol, de colles, d’enduits amiantés, de conduits en fibrociment jusqu’au au vissage/dévissage sur mur amianté, à la préparation de mur avec enduit ou peinture amiantés, en passant par la dépose de revêtements de sol en pose libre sur sol existant en dalle amiantée.
Filière amiante : mobilisation autour de la protection des forces vives
Les premiers résultats sont là :
- 40 travaux ont été identifiés où l’exposition du travailleur à l’amiante est avérée ;
- pour chacun d’eux, 20 mesurages ont été réalisés ;
- et 86 % des chantiers tests ont obtenu un niveau d’empoussièrement inférieur à la valeur limite du Code de la Santé publique = 5fibres/litre air
Et les premières préconisations ou validations sur les moyens de protection sont, comme promis, avancées :
- le perçage à travers des poches de gel ;
- l’usage de l’aspirateur à très haute efficacité (THE).
Concomitamment, les premières conclusions sont tirées de ces chantiers tests impliquant 27 entreprises du BTP et 2 régies de travaux. Patrick RICHARD de l’OPPBTP réaffirme que des solutions opérationnelles existent bien mais qu’elles devraient prochainement être complétées de solutions innovantes. Marc CHAROY – coordinateur Actions amiante de la CRAMIF – rappelle de son côté que si le perçage à travers une poche de gel permet un empoussièrement inférieur à 5f/l air, le mot d’ordre reste la protection a minima avec combinaison de propreté et masque simple.
Tous deux annoncent enfin qu’une nouvelle série de chantiers tests portant sur les travaux effectués à la suite de dégâts des eaux est en lancement. Encore une fois, le choix d’analyser un type d’intervention ultra fréquent et très banalisé est stratégique : il vise à apporter un soutien officiel à la filière Amiante.
Un autre soutien de taille s’apprête à épauler la filière : la Commission nationale d’évaluation des innovations dans le domaine de l’amiante créée en janvier 2017. Sa mission est d’évaluer les procédés innovants de détection et de traitement de l’amiante capables de faire l’économie de l’acteur humain.
En attendant, les recherches d’innovation technique, la recherche médicale (81 % des cancers reconnus d’origine professionnelle sont liés à l’amiante), la collecte et l’analyse de données, la diffusion, l’information et la formation sont autant de réponses et de solutions offertes pour répondre au plus près à la préoccupation majeure de la filière Amiante : la santé et la protection de ses acteurs, son capital.
Sources INRS www.travail-et-sécurité.fr