Michel Saves, dirigeant d’AMS Coordination, société d’assistance à maîtrise d’ouvrage et de coordination en matière de sécurité et de protection de la santé située à Molas (31). Issu d’une formation en génie civil, cet entrepreneur a notamment pratiqué des diagnostics amiante lors des premières périodes de leur mise en place.
Quelles problématiques avez-vous observé en exerçant votre activité auprès des particuliers ?
Nous recherchons l’amiante depuis 20 ans mais les particuliers ne comprennent pas toujours l’intérêt de nos démarches. Ils n’ont que notre information, et ont parfois le sentiment que nous en rajoutons une couche pour gonfler la facture. Le travail de pédagogie est donc très important dans notre profession mais ça ne suffit pas car ils ont l’impression de se trouver face à une usine à gaz.
La part d’enlèvement de matériaux dangereux est plus importante sur le marché public mais les particuliers sont toujours confrontés à de petits cas. Je pense que certaines opérations pourraient être simplifiées afin que les règles soient respectées. Le cas de l’amiante lié à des matériaux inertes comme des tuyauteries et des canalisations pourrait être traité plus simplement par exemple.
Or actuellement, devant le coût de l’expertise et de l’opération de retrait, certains particuliers sont tentés de se débarrasser de ces éléments eux-mêmes et l’amiante finit dans la nature. Toutefois, des mesures draconiennes sont indispensables quand l’amiante commence à se déliter et qu’elle génère des poussières. Les professionnels doivent avoir les bons outils, le bon masque à filtre et la bonne combinaison.
L’arrêté organisant le nouveau régime de la certification amiante s’applique depuis cette année. La formation à l’amiante est-elle un prérequis indispensable pour les diagnostiqueurs ?
Je pense que oui. Un diagnostiqueur doit être formé à l’amiante mais aussi au plomb et aux termites, tout en ayant des notions de gros œuvre. Un diagnostiqueur qui ne connaît pas le matériau effectuera un prélèvement sur tout ce qui est susceptible de contenir de l’amiante, ce qui alourdira la facture du client. Un profil plus technique saura déterminer quel matériau est à coup sûr contaminé et évitera de passer par des analyses supplémentaires. Les personnes qui se lancent dans du diagnostic amiante ont une grande responsabilité et devraient avoir au moins 5 ou 6 années de métier du bâtiment derrière elles. Un AMO devrait également avoir des notions d’amiante pour suivre son client.