La protection des techniciens et des usagers est primordiale lors d’une intervention de repérage, la présence ou non de l’amiante n’étant pas encore identifiée. Au-delà des équipements eux-mêmes, cette protection passe par l’élaboration en amont d’un mode opératoire complet. Explications avec Matthieu Rolland du Roscoat, référent technique région Sud chez AC Environnement.
Quelles sont les règles qui encadrent la protection des travailleurs vis-à-vis du risque amiante en amont de l’intervention ?
Les repérages avant travaux relèvent de la sous-section 4 (SS4). Les règles de prévention du risque amiante pour les techniciens sont donc inscrites dans le Code du travail. La formation est la première de ces règles : tous les techniciens doivent être formés à la SS4 en tant qu’opérateurs, de même que les chargés de projets ou chargés d’affaires sont formés en tant qu’encadrants de chantier ou encadrants techniques.
Le deuxième aspect important de la réglementation est l’identification et la classification des processus en fonction de leur niveau d’empoussièrement. Un processus correspond à la combinaison d’un matériau amianté, d’une technique d’intervention et des mesures de protection collectives mises en œuvre.
Ce processus est repris lors de la rédaction du mode opératoire par l’encadrant technique, où est décrit de manière chronologique et technique l’ensemble de l’intervention : ce qui est fait pour préparer la zone de travail, les mesures de protection en place, les équipements de protection mis à disposition ou encore la manière de travailler au contact du matériau amianté. Le mode opératoire vient également préciser la gestion et le circuit des déchets afin de s’assurer qu’il n’y a pas de pollution à l’extérieur. Une fois rédigé, il entre dans un cycle de validation auprès des instances officielles, par un avis à la médecine du travail, un avis du CSE – en tant que représentant des salariés -, ainsi qu’une information à la DIRECCTE, à la CARSAT et à l’OPPBTP.
Avant la rédaction du mode opératoire, le classement du processus s’appuie sur des bases de données et n’est qu’une estimation a priori. C’est pourquoi le Code du travail exige d’effectuer des mesures d’empoussièrement de l’air lors de la première mise en oeuvre du mode opératoire. Des pompes sont ainsi posées sur l’opérateur, dans l’environnement de travail et à l’extérieur de la zone de travail. Chez AC Environnement, nous refaisons ces mesures tous les ans ou dès lors que nous changeons nos méthodes. Par ailleurs, étant bénéficiaires d’une accréditation Cofrac, nous veillons régulièrement à vérifier que les techniciens de retour d’un chantier avec du matériel qui pourrait par accident avoir été mal décontaminé ne viennent pas polluer les locaux de l’entreprise. Cette vérification passe par des mesures d’auto-contrôle.
Le BIM peut-il améliorer la protection des intervenants ?
Indéniablement. Avec le BIM, nous bénéficions d’une puissance sur l’accès à l’information extrêmement efficace dans la prévention du risque amiante car nous pouvons très facilement empiler la connaissance au fur et à mesure de la vie du bâtiment. Avant cela, avec les rapports papiers, la gestion était fastidieuse pour recouper l’information et les intervenants n’étaient jamais certains d’avoir la dernière version entre les mains. Dans la démarche BIM, tout le monde contribue à enrichir la documentation et la donnée est agglomérée sur des années, avec toujours à l’instant t une information actualisée sur la présence de l’amiante, ce qui évite les mauvaises surprises sur le chantier.