Sébastien Bony, dirigeant de la société CEDRES. Créée en 2005, l’entreprise propose depuis 2015 une évaluation prédictive du risque de présence d’amiante.
Dans quels domaines intervenez-vous ?
CEDRES est une société spécialisée dans l’évaluation des risques et dans la sécurisation financière du risque. Elle intervient aussi bien dans le domaine de l’amiante que dans celui des sols pollués ou de la géotechnique. En ce qui concerne l’amiante, l’évaluation des risques est menée pour répondre à la difficulté des donneurs d’ordres à définir le contour du cadre réglementaire applicable pour les travaux qui relèvent de la sous-section 3 pour le retrait de l’amiante, mais également des travaux qui relèvent de la sous-section 4 où l’amiante doit être maintenue en place.
Vous apportez une solution à une problématique bien spécifique. Laquelle ?
L’identification des matériaux amiantés visibles et accessibles (liste A et B) existe depuis un moment pour l’exploitation d’un bâtiment mais la réglementation ne va pas plus loin lors de sa vente. Les matériaux non visibles ne sont pas recherchés. Or, l’acquéreur d’un immeuble a vocation à transformer ce bien et les conséquences financières seront très lourdes si des matériaux amiantés sont découverts postérieurement à l’acquisition du bâtiment. L’acheteur n’aura plus alors la possibilité de revenir vers le vendeur pour faire valoir une moins-value sur le prix de vente. C’est donc au moment de l’achat qu’il faut s’intéresser à la façon dont ces matériaux amiantés peuvent être présents.
Quelle méthode utilisez-vous ?
Nous sommes actuellement les seuls à proposer une méthode – qui fait d’ailleurs l’objet d’un brevet – pour répondre à cette problématique. Elle se base sur la norme NF X 46-020, qui fait l’inventaire des différents matériaux et produits susceptibles de contenir de l’amiante (MPSCA) au niveau de chacun des composants de la construction. A partir des retours d’expériences sur les typologies de matériaux utilisés dans l’immobilier, nous savons dire quels sont les matériaux amiantés susceptibles d’être présents.
Cette évaluation prédictive du risque de présence d’amiante nous amène à une analyse probabiliste de l’impact de la présence des MPSCA. Cette dernière va se faire en observant sur les plans technique et financier les techniques de retrait d’amiante qui seront employées. En fonctions des classes d’empoussièrement de chaque procédé réalisé sur les matériaux, nous chiffrons le coût de l’opération en faisant la probabilité d’occurrence à partir d’une analyse multicritères (l’année de construction, les travaux de rénovation réalisés depuis 1997, l’observation visuelle des MPSCA,…). Le commanditaire de l’analyse dispose ainsi – alors même que ni diagnostic, ni prélèvements, ni analyses n’ont été effectués sur ces matériaux – d’un encadrement financier de ce que coutera demain l’opération de retrait d’amiante dans ce projet. Ce montant peut être utilisé dans le cadre de la relation entre le vendeur et l’acquéreur. Avec cette méthode, nous offrons donc la possibilité à un acquéreur d’acheter en toute sécurité un immeuble.
Interview réalisée dans le cadre de la Conférence Amiante de Paris