Jean-Marc Bonanomi, directeur des études au service « décontamination et dépollution » au sein d’une entreprise de désamiantage et Cécile Colire, responsable technique amiante au sein d’une entreprise de désamiantage et membre du SYRTA, font le point sur l’indispensable adaptation des pratiques et des rapports de repérage amiante aux futures exigences de la réglementation.
Quelles sont les lacunes persistantes dans les rapports de repérage amiante ?
Pour le repérage avant travaux, nous déplorons l’absence d’une obligation de repérage « complet ». Par exemple, si des travaux doivent être réalisés dans une pièce, mais seulement sur certains éléments (sol, murs, plafonds…), la réglementation n’impose un repérage que sur ces seuls éléments. Or, dans ce cas, ce qui nous intéresse est la certitude de l’absence d’amiante plus encore que la présence de matériaux amiantés. Et cette certitude ne peut découler que d’un repérage complet de la pièce dans laquelle les travaux vont être réalisés.
« Le diagnostiqueur est pris entre le marteau et l’enclume »
Actuellement, nous constatons qu’environ 30% des diagnostiqueurs procèdent de cette manière. Cependant, l’opérateur de repérage reste tributaire, pour les prélèvements à réaliser, de ce que lui demande son client, lequel fait souvent en sorte d’en réduire le nombre pour limiter le coût de l’opération. Le diagnostiqueur se voit confier une prestation par son client. Il est sachant et doit donc établir le nombre de prélèvements. Certes, le coût que le client accepte de mettre en face est lié au nombre de prélèvements.
Les rapports avant démolition sont-ils donc plus complets ?
Comme pour les diagnostics avant travaux, le diagnostiqueur est là encore « pris entre le marteau et l’enclume ». Nous sommes en permanence confrontés à des clients qui nous appellent pour comprendre la raison d’écarts de détection dans les rapports. Ces écarts s’expliquent souvent par des problématiques de coûts. Moins de difficultés sont rencontrées quand le chantier est accompagné par une assistance à maîtrise d’ouvrage en désamiantage, c’est une problématique fréquente dans les grandes villes et, plus généralement, dans tous les grands programmes de rénovation.
Depuis l’obligation de fournir un rapport de repérage avant travaux, nous constatons une amélioration importante de la qualité des rapports, et – la sensibilisation des professionnels en SS4 aidant – l’entreprise s’interrogera en cas de manquement et demandera des prélèvements complémentaires.
Quelles sont les conséquences de ces lacunes ?
Elles peuvent être énormes, puisque le rapport de repérage constitue le document de base pour définir l’analyse de risque. Je pense qu’il faut commencer l’approche en parlant du risque d’exposition de nos salariés. Si nous effectuons des travaux de percements par exemple pour installer un confinement dans un matériau qui se révèle amianté, il y a un risque d’exposition. Les différences de prix en cas de mauvais repérage sont conséquentes, et nous avons déjà vu des chantiers initialement estimés à 40 000 euros passer à 200 000 ou 300 000 euros suite à la découverte d’amiante non repérée.
C’est la raison pour laquelle il est indispensable d’encadrer le nombre de prélèvements.
L’idéal serait de n’avoir qu’un seul repérage complet équivalent à l’avant-démolition.
L’approche des maîtres d’ouvrage sur le sujet doit changer. Cette évolution est en marche, et nous constatons un changement chez les bailleurs sociaux. Aujourd’hui, tout le monde a réellement pris conscience du risque amiante.
Pouvez-vous nous présenter le SYRTA ?
Le Syndicat du retrait et du traitement de l’amiante et des autres polluants a été créé en 2003, suite au rapprochement du CID, du GETAP et du SNI-Amiante. Il compte actuellement 116 membres, dont plus de la moitié est composée d’entreprises exerçant dans les travaux de Sous-section 3, c’est-à-dire de retrait et d’encapsulage de l’amiante.
le SYRTA compte également de nombreux membres sur l’ensemble de la filière, notamment dans la maîtrise d’œuvre, la gestion de déchets, les cabinets conseil, les bureaux d’études, les laboratoires, les préleveurs…
Le syndicat est organisé en collèges thématiques qui traitent chacun des questions relatives à leur compétence. Le syndicat assure également une participation à l’ensemble des comités et des commissions de certifications, comme l’Afnor ou Qualibat, avec l’INRS et dans le cadre des différentes commissions législatives. Il travaille également beaucoup sur les formations, en organisant des ateliers thématiques pour les adhérents qui leur permettent de se reformer spécifiquement sur certaines thématiques, comme la législation, par exemple.
Pour assurer une information optimale, la SYRTA publie le magazine « Exigence Amiante », qui permet aux adhérents de disposer d’un support abordant l’ensemble des problématiques de la profession. Nous animons également une Commission technique hebdomadaire qui étudie les questions des adhérents et participe à l’amélioration des conditions d’exercices de la profession dans son ensemble. Enfin, le SYRTA travaille à la représentation de la profession en participant chaque année à de nombreux événements, salons et colloques en régions.